Pour la première fois, Naran ouvrait les yeux sans trouver de lumière.
Sa cellule était plongée dans une pénombre douce, presque bleuté.
L'enchevêtrement de plaques d’acier était à peine visible. Tout semblait plus froid... mais, étrangement, plus intime.
Le miroir lorgnait toujours sur elle. Noir, quasi liquide, il ne renvoyait qu’une ébauche de sa forme recroquevillée. Elle devinait pourtant une lueur discrète, quelque part derrière la vitre… Un rouge devenu très légèrement rose, étouffé par plusieures couche de verre.
Immédiatement, ses sens s’étendait au-delà; Derrière la vitre, là où souvent elle percevait une présence… Mais aujourd’hui, elle ne sentait rien. Seule cette lueur, immobile, clignotait légèrement du plafond de la pièce attenante.
Elle était seule.
Personne pour la surveiller… Personne pour rapporter ses actions.
Le sentiment d’euphorie la pris par surprise, et elle hoqueta un rire disgracieux.
Et pourtant, la lumière ne s’alluma pas. Personne pour la fixer, loin de derrière ce mur de verre...
Naran se leva. Elle fit quelque pas prudent, guettant à chaque instant un clic d’une trappe, une ampoule qui prend vie... Puis elle s’agenouilla face au miroir.
Son visage lui fit front - toujours un peu difforme, toujours labourés de coupure et d’hématomes… Elle passa un doigt sur la ligne de son nez, sur l’arcade de ses sourcils. Voir ses traits ravagés éveillait ce qui lui restait de rage, produisant un rictus inconscient.
La seule façon de se reconnaître derrière ce masque de laideur, c’était d’y retrouver sa colère, sa rancune… Son impuissance.
Elle n’avait rien pu faire dans les prison de Death… Et, ici, ses chances n’était pas franchement meilleures.
A quelques exceptions près. Après tout, Naran avait encore un certain nombre de cartes à jouer... Mais l'échec lui coûterait cher.
C’est pourquoi un moment d’intimité comme celui ci était tout particulièrement précieux.
La Mercenaire se leva, et alla s'asseoir contre le mur opposé. Face au miroir, toujours, puisqu’elle était plus en sécurité dos au mur… Mais au moins maintenant avait elle toute sa cellule entre elle et son adversaire.
Ceci fait, elle se concentra.
Et se replongea dans ce qu’elle avait ressenti face à Death.
Dans les cachots de la Coalition, elle était démunie. Désarmée, enragée, puis soudain électrisée par quelque chose de nouveau...
Etait ce une force divine qui l’avait touchée à ce moment là ?
Si elle avait été une héroïne des légendes, son éclair aurait foudroyer son adversaire.
Pourtant, ça n’avait été qu’une pichenette sur le monstre qui les tourmentait, pas pire que la morsure d’un tique sur la peau d’un tigre.
Peut être ne croyait elle pas assez.
Peut être qu’un Esprit farceur l’a trompé.
Ou peut être que tout ceci n’étaient que des superstitions. Peut être que, elle aussi, était capable de magie. Après tout, même les plus crasseux des Mercenaires révèlaient parfois un tour ou deux; que ce soit des rites vaudous, des explosions de lumière, des portails comme ceux de Surkesh… Ou des éclairs.
La Mercenaire regarda ses mains.
Ça n’était pourtant pas venu d’elle. Elle n’avait rien projeté. Elle avait souhaité, non, décidé, voulu. Et l’éclair était tombé.
Minuscule. Une attaque pathétique, et pourtant... inespérée.
Naran scruta à nouveau l’obscurité.
Dans ce miroir si noir, elle pouvait inventer toute les horreurs.
Death, hurlant, tonitruant, omnipotent.
Lenore, vengeresse, ivre et sanguinolente, égorgée comme du vulgaire bétail.
L’armée de la Coalition, les gardes de la Shin Ra, les matons des montagnes Han, tous assemblés dans une horde de geôliers indistinguables si ce n’est pour leur mépris uniforme.
Cet être inimaginable qui avait interrompu le Bal. Si terrible que par sa seule présence il avait anéantit tout autre conflit.
Naran senti la peur gronder dans ses tripes. La peur, l’épuisement, l'impuissance, tous les facteurs qui l’avait forcée à chercher plus loin, plus profond que jamais.
De quoi était elle faite, quand tout le reste lui avait été retiré ? Sans son arc, sans ses poings, sans ses charmes, enfermée ici, seule…
Comme un muscle qu’on réveille d’un long sommeil, Naran sentit quelque chose prendre vie en elle.
Peu à peu, elle retrouvait l’aura électrique qui avait accompagné son dernier éclat. Ses membres étaient sillonnés d’un fourmillement douloureux, ses cheveux s’élevaient, se dressaient, se tenaient l’un contre l'autre comme les poils d’une fourrure trop caressée.
Frissonnante, Naran sentait cette énergie s’accumuler en elle, aussi drainante qu’elle était exaltante. Il fallait qu’elle la relache, elle ne pouvait pas contenir plus -
Et, au centre de la pièce, un éclair tomba.
Fin comme un cheveux; léger, presque silencieux.
le Lun 11 Nov 2019 - 23:35Sa cellule était plongée dans une pénombre douce, presque bleuté.
L'enchevêtrement de plaques d’acier était à peine visible. Tout semblait plus froid... mais, étrangement, plus intime.
Le miroir lorgnait toujours sur elle. Noir, quasi liquide, il ne renvoyait qu’une ébauche de sa forme recroquevillée. Elle devinait pourtant une lueur discrète, quelque part derrière la vitre… Un rouge devenu très légèrement rose, étouffé par plusieures couche de verre.
Immédiatement, ses sens s’étendait au-delà; Derrière la vitre, là où souvent elle percevait une présence… Mais aujourd’hui, elle ne sentait rien. Seule cette lueur, immobile, clignotait légèrement du plafond de la pièce attenante.
Elle était seule.
Personne pour la surveiller… Personne pour rapporter ses actions.
Le sentiment d’euphorie la pris par surprise, et elle hoqueta un rire disgracieux.
Et pourtant, la lumière ne s’alluma pas. Personne pour la fixer, loin de derrière ce mur de verre...
Naran se leva. Elle fit quelque pas prudent, guettant à chaque instant un clic d’une trappe, une ampoule qui prend vie... Puis elle s’agenouilla face au miroir.
Son visage lui fit front - toujours un peu difforme, toujours labourés de coupure et d’hématomes… Elle passa un doigt sur la ligne de son nez, sur l’arcade de ses sourcils. Voir ses traits ravagés éveillait ce qui lui restait de rage, produisant un rictus inconscient.
La seule façon de se reconnaître derrière ce masque de laideur, c’était d’y retrouver sa colère, sa rancune… Son impuissance.
Elle n’avait rien pu faire dans les prison de Death… Et, ici, ses chances n’était pas franchement meilleures.
A quelques exceptions près. Après tout, Naran avait encore un certain nombre de cartes à jouer... Mais l'échec lui coûterait cher.
C’est pourquoi un moment d’intimité comme celui ci était tout particulièrement précieux.
La Mercenaire se leva, et alla s'asseoir contre le mur opposé. Face au miroir, toujours, puisqu’elle était plus en sécurité dos au mur… Mais au moins maintenant avait elle toute sa cellule entre elle et son adversaire.
Ceci fait, elle se concentra.
Et se replongea dans ce qu’elle avait ressenti face à Death.
Dans les cachots de la Coalition, elle était démunie. Désarmée, enragée, puis soudain électrisée par quelque chose de nouveau...
Etait ce une force divine qui l’avait touchée à ce moment là ?
Si elle avait été une héroïne des légendes, son éclair aurait foudroyer son adversaire.
Pourtant, ça n’avait été qu’une pichenette sur le monstre qui les tourmentait, pas pire que la morsure d’un tique sur la peau d’un tigre.
Peut être ne croyait elle pas assez.
Peut être qu’un Esprit farceur l’a trompé.
Ou peut être que tout ceci n’étaient que des superstitions. Peut être que, elle aussi, était capable de magie. Après tout, même les plus crasseux des Mercenaires révèlaient parfois un tour ou deux; que ce soit des rites vaudous, des explosions de lumière, des portails comme ceux de Surkesh… Ou des éclairs.
La Mercenaire regarda ses mains.
Ça n’était pourtant pas venu d’elle. Elle n’avait rien projeté. Elle avait souhaité, non, décidé, voulu. Et l’éclair était tombé.
Minuscule. Une attaque pathétique, et pourtant... inespérée.
Naran scruta à nouveau l’obscurité.
Dans ce miroir si noir, elle pouvait inventer toute les horreurs.
Death, hurlant, tonitruant, omnipotent.
Lenore, vengeresse, ivre et sanguinolente, égorgée comme du vulgaire bétail.
L’armée de la Coalition, les gardes de la Shin Ra, les matons des montagnes Han, tous assemblés dans une horde de geôliers indistinguables si ce n’est pour leur mépris uniforme.
Cet être inimaginable qui avait interrompu le Bal. Si terrible que par sa seule présence il avait anéantit tout autre conflit.
Naran senti la peur gronder dans ses tripes. La peur, l’épuisement, l'impuissance, tous les facteurs qui l’avait forcée à chercher plus loin, plus profond que jamais.
De quoi était elle faite, quand tout le reste lui avait été retiré ? Sans son arc, sans ses poings, sans ses charmes, enfermée ici, seule…
Comme un muscle qu’on réveille d’un long sommeil, Naran sentit quelque chose prendre vie en elle.
Peu à peu, elle retrouvait l’aura électrique qui avait accompagné son dernier éclat. Ses membres étaient sillonnés d’un fourmillement douloureux, ses cheveux s’élevaient, se dressaient, se tenaient l’un contre l'autre comme les poils d’une fourrure trop caressée.
Frissonnante, Naran sentait cette énergie s’accumuler en elle, aussi drainante qu’elle était exaltante. Il fallait qu’elle la relache, elle ne pouvait pas contenir plus -
Et, au centre de la pièce, un éclair tomba.
Fin comme un cheveux; léger, presque silencieux.