Le Chien Noir ne portait qu'un pantalon noir plutôt moulant mais flexible, torse nue. Dans un duel à mort comme on les pratique à la Coalition Noire, touts les coups sont permis entre les deux belligérants. La ruse comme le vice sont des vertus, par ici. Alors oui, l'exécutant aurait tout à fait le droit de venir avec tout un arsenal soigneusement dissimulé dans d'amples vêtements. Pourtant, ici, sa tenue ne lui permettait pas de cacher la moindre arme, au point d'en être pieds nus. Parce que son but était d'envoyer un message… clair et net… celui qu'on ne peut pas jouer impunément avec lui. Pas sans en payer le prix. Cette victoire, ce meurtre, n'était pas pour la promotion mais pour avoir un peu de paix dans ce groupe qui aime tant guerroyer. Jack ne doutait pas que quelques gardes l'avaient vu pousser l'officier jusque dans la gueule d'un t-rex pour ensuite l'en sauver ; il aurait déjà pu l'assassiner en comptant sur le "pas vu pas pris". Et au fond, peu importe qu'il y ait eu des témoins à ce moment-là ou pas, la méfiance… la paranoïa de cet exécutant avait vite fait le tour ou le fera vite ! Nul n'aura par surprise cet homme qui s'épuisait chaque jour à ne pas en laisser une seule. Les furtifs et les traites ne l'ont jamais inquiéter.
Son seul but ici… était de démontrer toute l'impitoyable rage féroce et furieuse dont il pouvait être capable. Ca a toujours été l'art des subtils que de ne pas le montrer… et la subtilité des bourrins que de s'étaler. Pourquoi choisir ?
« Des armes… » Sûr de son coup, Jack adopta une posture de combat. Ses jambes se fléchirent, ses appuis ancrés sur le sol, ses bras ballants comme inertes pourtant prêts à frapper fort et souple. Ses cheveux charbons, un peu plus long qu'à l'accoutumé, retombaient en mèches sur ses yeux grands ouverts ; les prunelles écarquillés et sanguines, injectés d'hémoglobines. Tout son stress… celui qu'il accumulait depuis des années… ces légions de mauvais sentiments refoulés… sa frustration… au-delà des intérêts bien réfléchis… Jack se trouvait dans une situation où il pouvait se lâcher. Le trac du début disparu, le laissant seul avec Cranston dans son esprit… les nerfs prirent le relais, effaçant jusqu'aux regards du public qui jusqu'ici le pétrifiait. Malgré sa douloureuse joie, cette sinistre haine qui pouvait enfin être relâché, Jack ne souriait pas… tout en tension, ses yeux laissant échapper toute la pression de son être. Il était faible jusqu'ici mais désormais… il serait fort… ou préfèrerait la mort. « …pourquoi faire… ? »
Cranston n'a pas levé son arme ; dégaine un pistolet dissimulé dans sa veste et tire ! Le coup de feu provoque le sursaut de la foule ainsi qu'un début de mouvement de foule… Jack n'eut pas bougé. Pas tout à fait assez réactif pour esquiver une balle. Pour une raison ou une autre, qui importe finalement, l'officier avait complètement raté son tir. La balle s'enfonça dans les gradins, provoquant la fuite de la plupart dans les cris et les pleurs ; surtout ceux qui pensaient être prêt pour des sensations fortes. Ne restait alors que des gardes noirs, frappant à coup de baton de struggle dans la foule pour… au choix, l'immobiliser, la dispersée ou la faire fuir. Très vite, la panique se répandit dans la masse de gens devenus fuyants ou violents, l'allure d'un vrai stade de blitzball assaillis par des hooligans.
Face à ça, Jack inspira brusquement une grande quantité d'air, tordant son dos en arrière pour souffler un épais nuage de poussière sur son adversaire… et partir en courant, zigzagant, face à un adversaire qui a tiré dans touts les sens en espérant le toucher. Déjà là, sur sa droite, l'exécutant droit et rigide, sa structure plus sévère qu'un pilier de fer, frappa sèchement du plat de la main directement dans les côtes de son ennemi. Le souffle coupé, celui-ci se figea un instant suffisant pour que l'exécutant lui arrache son flingue et se replie d'une course nerveuse à reculons, esquivant ainsi les coups de lames à l'aveugle de Cranston.
Quand le nuage de poussière sableux se dissipa… l'officier faisait une sale gueule, grimaçant du dernier coup asséné sûr et impitoyable… alors que plusieurs déchirures, une dizaine, se dessinaient sur le torse de Jack… ainsi qu'une sur son visage. Jusqu'ici figé dans une expression folle de fixation, le stress put soudain se lire sur le visage… stressé du Chien Noir, son sourcil arqué de surprise. Que son torse soit touché par de si fines attaques ? Qu'importe… mais son visage… ? Une simple coupure, un peu plus bas, aurait peut-être tranché une veine de sa gorge.
Faisons une pause… le public retient son souffle… les fuyards ont fuis, les furieux se sont fait sauvagement matés… ne restait plus que des gens avec du sang-froid, capable de se tenir. Des gens qui comprennent que ceci n'était pas juste le match d'un putain de tournoi organisé par les mercenaires… ou une foutue attraction du Consulat… nan. Les gens désormais restaient calmes et sérieux, certains effarés par cet affreux spectacle, désespéré. Des yeux de voyeurs excités de voir saigner au moins l'un de leurs oppresseurs… et d'autres, surtout des jeunes, avec un cruel espoir dans les yeux. Connu de personne, Jack Inèrsse défiait un garde noir… c'était quand qu'un inconnu défiait, publiquement, un garde noir à mort… ? Est-ce que c'était juste déjà arrivé ? Si oui, ca faisait trop longtemps pour qu'on s'en souvienne ! Fasciné, absorbé… Jack surprit des regards… certains de gens vigoureux et costauds, effrayants… d'autres appartenant à des faiblards pâlots plus tremblants que l'exécutant à sa première rencontre avec Death.
Et si un inconnu débarquait pour fracasser un garde noir aux yeux de tous ? Malgré son ancienneté, l'anonymat de Jack… sa dégaine de type chelou mais pas si extraordinaire… plutôt maigre quoique sec… tout ça avait de quoi donné des idées. Le stress des gardes noirs chargés d'assurer la sécurité du coin se faisait palpable… des gestes et tics nerveux apparaissaient comme des gouttes sous la pluie. A trois-quarts vides, les gradins s'habillaient de regards… nerveux et mauvais… ceux de proies acculés qui découvrent leurs cornes et sabots. L'on jurerait que la joute virerait à la boucherie généralisée d'une seconde à l'autre !
Reprenons simplement nos affaires… avec empressement, Jack jeta son pistolet en direction d'un groupe de branleurs dans le public et… en même temps que les gardes noirs se ruèrent pour récupérer l'arme, Cranston regardait apeuré en cette direction. La Garde Noire a l'habitude de faire ce qu'elle veut… persuadé que personne ne leur faisait jamais rien ! Le temps d'un regard, le Chien Noir avait déjà chargé l'officier de plein fouet, le faisant reculer et s'emmêler les jambes sans chuter, captant soudain l'attention de tous. Y compris de son ennemi qui fit Jack s'enfuir d'une roulade face à une épée si vivace… si cruellement forgé.
Vient de Cranston une attaque… la pire qu'il aurait pu faire… un simple coup tranchant verticale, de haut en bas, que Jack bloqua entre ses deux paumes. L'une de ses jambes décolla ensuite dans les parties intimides de l'ennemi… mais ce ne fut pas suffisant pour désarmer le garde noir, pas seulement en place parce qu'on le craignait. La Cité ne craignait pas ses gens-là pour rien non plus. Une autre déchirure… cette fois-ci profonde, ruisselante de sangs à grandes eaux, se tailla comme une tranchée en diagonale sur le torse du "challenger". Celui-ci pâlit soudain, regrettant autant son aplomb que son arrogance. D'un réflexe désespéré, Jack poussa Cranston de ses deux mains… avec toute sa force boosté par l'adrénaline… suffisant pour faire tomber l'officier rapidement relevé, sa fichue épée toujours en main.
Jack n'osait plus vraiment s'approcher… il saignait et pas qu'un peu… là où son adversaire n'avait reçu que des chocs et s'en était remis ; lui continuait de se vider de son sang. Ses mains ouvertes tremblaient… de même que ses jambes, soudainement de cotons… ce n'était pas si simple que ça. Et pourtant, Cranston ne chargeait, résistait-il à la rage et gardait son calme ? Ou cédait-il à la peur, marchant ainsi à pas prudent vers l'exécutant ?
« Pauvre de toi… » Cranston chargea soudain, décollant d'une impulsion en enchainant les coups rapides dans le vide… Jack reculait plus qu'il n'esquivait ; tant qu'aucun coup ne lui était porté, ce n'était pas important. « …tu dois bien regretter ton coup de nerfs ! »
Pourchassé, le Chien Noir bondissait d'un pied à l'autre, n'approchant pas plus près que l'allonge de cette arme… et plutôt démuni, ne trouva pas d'autres solutions que de souffler de toutes ses forces pour aveugler son ennemi !
« Pas deux fois ! »
Et non, Cranston n'a juste pas lâché Jack, ne se laissant pas surprendre pour continuer ses assauts effrénés. Silencieuse, la foule observait le déroulement de la bataille… et semblait-il que l'exécutant n'en menait pas large.
Les yeux rivés sur cette lame, l'exécutant s'épuisait à vue d'oeil… s'épuiserait même à ne rien faire. Chanceux que sa vie soit en jeu, rien ne l'aurait fait reculer… pas même de perdre un bras ; mieux vaut finir manchot que mort. L'affreuse lame s'encastre alors dans son avant-bras levé tel un bouclier, laissant un instant… une ouverture… dans un hurlement de souffrance, Jack balaye sèchement les jambes de son ennemi qui chute immédiatement.
Et ne resta plus qu'au Chien Noir d'en finir… si simplement… en piétinant rageusement le garde noir à mort. Du même pied du début à la fin, le sonnant d'abords pour ensuite, coup après coup, le déformé un peu plus. Cranston était devenu… méconnaissable… pas de foule en délire ou d'applaudissement. Simplement les regards, rivés sur ce gars qui en piétinait un autre en hurlant… pour rester silencieux face au cadavre. La véritée ? Ca ne changeait rien à rien… après la fureur du combat, Jack se retrouvait dans un silence morbide, déglutit en se retenant de vomir face à ce visage explosé.
Une femme a fini en pleure dans le public… elle a explosé de larmes en hurlant toute sa souffrance alors que Jack s'en allait en baissant les yeux. Il ne voulait même pas savoir qui elle était pour ainsi se ruer vers un cadavre si horriblement tué… et cette pensée le hantait… hélas. Il n'y avait personne pour se réjouir de la victoire du gars.
Pourtant, il y avait visiblement quelqu'un pour finir effondré de la mort de l'officier Cranston… et ce fut d'un impitoyable revers de main que Jack chassa la femme venue par dérrière le poignarder. Elle a littéralement décollé pour finir à terre, sonné. Loin de s'apitoyer, il détestait encore plus l'officier après ça… jaloux à crever qu'il était. Et il ne s'en voudrait pas, ce sale rat n'avait qu'à pas le chercher dans un premier lieu. Quand à Cranston, il pouvait allez en enfer d'avoir agit comme il l'a fait, laissant une veuve.
Silencieux, le public a quitté le terrain d'entrainement de la garde noire… et nul n'osa voir Jack pour le féliciter ou quoi. Ce dernier, soudain, s'arrêta pour jeter un oeil mauvais à la veuve. Sa souffrance, sa détèste… l'affreuse sonorité de ses larmes… tout ça, loin de le révolter… le dérangeait… l'agaçait. Les affreux bruits de cette veuve en souffrance, pour lui, n'était que nuisance. Pourquoi devait-elle caché sa victoire ?! Quitte à être mauvais, quitte à définitivement joué le jeu de la Coalition Noire… autant obtenir ce qu'il était venu chercher en premier lieu : un peu de paix.
« Virez-moi cette grognasse… » Cracha-t-il aux gardes noirs en poste qui… s'exécutèrent, péniblement. Jack n'allait pas se pourrir la journée pour elle… ou pour ses possibles enfants… lui était seul et n'avait que faire de ces histoires. Lui souffrait déjà bien assez pour s'ennuyer avec la douleur des autres ; chacun sa merde. « …on va pas y passez la journée non ?! Virez-moi ça bordel ! J'veux plus l'entendre ! MAINTENANT ! »
Ca lui faisait mal aux oreilles… et au coeur aussi, hélas. Jack avait beau tenté d'étrangler ses remords, tout ça… tout ça lui paraissait ne pas tourner tout à fait rond. Ce fut alors, qu'au hasard, il plongea ses yeux écarquillés dans ceux… d'un de ses touts nouveaux sous-fifres… parce qu'il saignait encore…
« L'infirmerie ? »
Le plaisir malsain d'être craint, de savoir qu'on lui obéirait… tout cela s'évaporait en apercevant ce regard envieux et haineux, tout en retenue frustrée, que les gardes noirs lui affligeait. A se débarasser d'un ennemi, Jack s'en était fait beaucoup plus. La machine était lancée pour celui, qui désormais, était le second de la garde noire… et son actuel responsable tant qu'Abigail Underwood n'était pas réveillée de son coma. Au final, le Chien Noir n'était pas sûr de son coup… peut-être qu'assassiné Cranston discrètement dans un coin, pas vu pas prix, aurait été une meilleure idée. Jack désirait être craint de tous pour apaisés ses peurs mais… il venait juste de donner un sacré mobile à tous pour venir le défier à mort : le poste d'intendant suppléant de la garde noire.
Nerveux, Jack voyait son regard passer de l'un à l'autre des gardes noirs, l'évacuation du public se déroulant sans encombres, à l'exception de cette veuve qu'il fallait sortir par la force et dont notre homme ne supportait plus les hurlements.
« Toi là ! Va me chercher un café ! » Aboya-t-il tout en suivant un de ses récents sous-fifres jusqu'à l'infirmerie.