Dernier entraînement avant que je ne parte pour de nouvelles aventures.
Je suis dans une salle plongée dans le noir. Seule une lampe au milieu de la pièce offre un halo de lumière blanche. Je suis assise en tailleur. Les yeux fermés. Je médite. Le silence règne sur cette pièce. Autour de moi, il n’y a rien. Je suis bien là, toute seule. Personne pour venir briser cet instant de paix. C’est rare que je puisse m’offrir ces moments de plénitude, même ma cabine n’est plus un endroit sûr. Je ne pense pas, je fais le vide dans mon esprit. Au fil du temps, mon sommeil est de moins en moins réparateur, je dois compenser par la méditation. Je reste encore un long moment comme ça.
Je me relève, je m’étire lentement, je prends bien mon temps. Les bras, les jambes, le dos, la tête. Je suis pieds nus sur le sol dur mais confortable des tapis. Je m’avance dans l’obscurité vers un panneau de contrôle. J’appuie sur le bouton du haut. Le sol s’écarte légèrement, dégageant quatre miroirs qui s’élèvent pour se stopper à deux mètres. Je ressors de la pénombre pour m’avancer vers le milieu, là où il y a de la lumière. Je me regarde. Je me trouve convenable, vu les circonstances récentes. J’ai les yeux qui n’expriment rien présentement, la méditation a bien marché. J’inspire un grand coup. J’expire lentement. Je me tiens droite. Je dois m’entraîner maintenant. Je commence par le visage. Je change mon visage pour prendre l’apparence de Caroline, cette vieille peau. Non, ce n’est pas une bonne idée pour me calmer. Je prends le visage de Scarlett, la secrétaire du Président. Bon exercice. Je fais attention aux détails que j’ai pu relever. C’est pas mal, cela ressemble à l’original au moins. De Scarlett, je passe à Yijun. J’en profite pour commencer à transformer mon corps. Les transformations sont des phénomènes étranges, mais c’est fort utile. J’aurai dû me changer en homme pour rentrer dans cette salle d’archives, j’aurai été plus tranquille. Je n’ai pas été suffisamment fine sur ce coup-ci.
Satisfaite de ma ressemblance avec Yijun, je change encore. Cette fois-ci, je défie mes compétences pour saisir la complexité de l’apparence de Francis. Il est gros, chauve, et plutôt âgé maintenant. Je prends beaucoup plus de temps que pour Yijun qui est mince. Je grossis de toute part et j’efface mes traits peu à peu. J’ai vraiment l’air d’un Francis, même si c’est assez difficile de faire disparaître tous mes cheveux aussi rapidement. Je continue cet entraînement à la transformation pendant un long moment, presque autant que la méditation du début de séance. Je n’ai pas un contrôle parfait sur mes compétences de transformation, c’est pourquoi je les travaille de temps en temps, pour éviter que ma maîtrise diminue tout du moins. A l’heure du déjeuner, je sors de la salle et je vais manger dans ma cabine une salade achetée au service des cuisines. Quand je pense qu’on n’a même pas de tickets restaurants. J’envie presque les industries Krei de San Fransokyo. Je déjeune rapidement, je n’ai pas envie de ne rien faire non plus.
Je retourne dans ma zone d’entraînement, toujours avec les miroirs. Je médite dix minutes en plein milieu, sous le halo de lumière. Une fois que je suis prête, je me relève. J’écarte largement les bras que je tends vers le plafond. Je ferme les yeux et je me sens… Différente. Lorsque j’ouvre les yeux, je suis beaucoup plus bas que sous ma forme humaine. J’ouvre les ailes et je m’envole dans les airs. Cela fait longtemps que je n’ai pas volé. Je tourne en rond dans la salle, voltigeant du mieux que je peux pour retrouver la bonne technique. Voler donne un sentiment de grande liberté. J’oriente mon vol autour du halo de lumière, malheureusement je ne peux pas me déplacer dans une parfaite obscurité. Je sens l’air flirter avec mes plumes. J’essaye de dégager une certaine grâce, même si ce n’est pas le propre de mon animal associé. Je veux me voir dans la glace. Je n’ai jamais eu l’occasion je crois. Ou alors c’était il y a tellement longtemps que je ne m’en rappelle plus. Je me pose au sol grâce à mes serres et je regarde le miroir. Je suis certainement le plus beau corbeau que vous ayez vu de votre vie. Un grand et beau corbeau, au plumage ébène soyeux et brillant, avec un long bec parfaitement fait. J’ouvre mes ailes pour voir de plus près mes serres. De belles serres, croyez-moi.
Le corbeau est un animal peu apprécié en Chine, comme dans beaucoup d’autres endroits. Symbole de mort et de lumière, oiseau des ténèbres et du soleil, charognard et porteur de gloire, le corbeau est une étrange énigme des anciens mythes chinois. Il est également parfois apprécié en tant que symbole de gratitude filiale – de par le fait qu’il nourrit ses parents-, pratique qui ressemble à celle de notre société. Je parie que vous vous demandez pourquoi le corbeau est associé au soleil ? C’est à cause – ou grâce – à une légende. On dit qu’un jour, dix corbeaux se sont envolés d’un mûrier du levant pour apporter la lumière au monde, mais neuf ont été abattus par Yi l’Archer afin d’éviter que le monde ne soit consumé. En effet, chaque corbeau portait avec lui un soleil. Imaginer la chaleur d’un monde où dix soleils brillent en même temps. Un animal plein de nuances, comme moi. Parfois porteur de lumière, parfois porteur de mort. J’ai eu quelques fois l’occasion d’utiliser cette forme de corbeau pour me déplacer discrètement en ville. Malheureusement, je n’ai pas trouvé le moment pour user de cette compétence lors de mes dernières missions de la Shin-Ra. Peut-être que prochainement, ce sera chose possible ? Je ne sais pas. On verra.
« Croaaaaaak. »
Je me demande d’ailleurs si ce n’est pas à cause de mon animal associé que je n’ai pas eu le cœur d’abandonner Noah, le petit-homme-corbeau, dans la Forêt de Sherwood. Est-ce que si l’enfant avait été différent, je l’aurai pris ? Je ne peux pas répondre à cette question. En tout cas, j’ai au moins offert une chance à ce petit être, désormais loin de la misère. Je reprends mon envol, pour m’exercer. Je ne sais pas combien de temps je peux tenir, autant m’entraîner au maximum. Je tourne, encore et encore. Lorsque j’en ai enfin marre, je reviens au centre de la salle. Je ferme les yeux et je détends mes serres. Je reprends forme humaine. Je reste un moment assise. Je reprends mes esprits et je me redresse. L’entraînement s’est bien passé. Alors que je me retourne vers la porte, le halo de lumière s’éteint brusquement. Que se passe t-il ?
Je suis complètement dans le noir. J’entends la machinerie entraînée les miroirs dans le sol. Je me concentre et je ressens une présence dans l’obscurité autour de moi.
« Qui est là ? »
Pas de réponses. C’était à prévoir. Je ne suis pas rassurée, j’espère que ce n’est pas mon visiteur nocturne qui revient pour m’embêter. Je commence à être un peu inquiète. Je n’ai pas d’armes sur moi et ma tenue n’est pas… une armure. Je mets vainement mes mains en garde comme me l’a appris Micheline la maître d’armes. Je tourne sur moi-même. Je n’entends aucun bruit, mais je suis sûre qu’il y a quelqu’un ou du moins quelque chose. Soudainement, je sens quelque chose me frôler l’épaule.
« Qui est là ? Si c’est une blague, elle est de très mauvais goût. »
Toujours rien. Je commence à m’éloigner du centre pour rejoindre un mur de la salle. Cela fait toujours un côté où je ne risque pas d’être attaquée. Pendant quelques instants, il n’y a rien. Qu’est-ce qui se passe ? Je commence à paniquer. Ma respiration est de moins en moins contrôlée. Dans un moment de doute, je donne un coup de poing dans le vide. Mon poignet droit est attrapé par une main forte. Je suis complètement à la merci de l’assaillant.
« Lâchez-moi ! »
Je sens la personne se rapprocher de moi. J’ai l’impression qu’il me regarde. Il relâche mon poignet et je ne bouge plus. Je ne comprends pas vraiment ce qui se passe. Je sens son regard sur moi, puis au bout d’un moment je l’entends marcher plus loin. La porte s’ouvre, je suis éblouie et se ferme de nouveau. Je reste un moment là, dans le noir à ne pas bouger. Alors que je retourne vers la porte pour retourner à ma cabine, je sens une odeur familière… Non, un parfum. Mais…
Non, cela ne se peut… Je dois rêver. Encore.
Je suis dans une salle plongée dans le noir. Seule une lampe au milieu de la pièce offre un halo de lumière blanche. Je suis assise en tailleur. Les yeux fermés. Je médite. Le silence règne sur cette pièce. Autour de moi, il n’y a rien. Je suis bien là, toute seule. Personne pour venir briser cet instant de paix. C’est rare que je puisse m’offrir ces moments de plénitude, même ma cabine n’est plus un endroit sûr. Je ne pense pas, je fais le vide dans mon esprit. Au fil du temps, mon sommeil est de moins en moins réparateur, je dois compenser par la méditation. Je reste encore un long moment comme ça.
Je me relève, je m’étire lentement, je prends bien mon temps. Les bras, les jambes, le dos, la tête. Je suis pieds nus sur le sol dur mais confortable des tapis. Je m’avance dans l’obscurité vers un panneau de contrôle. J’appuie sur le bouton du haut. Le sol s’écarte légèrement, dégageant quatre miroirs qui s’élèvent pour se stopper à deux mètres. Je ressors de la pénombre pour m’avancer vers le milieu, là où il y a de la lumière. Je me regarde. Je me trouve convenable, vu les circonstances récentes. J’ai les yeux qui n’expriment rien présentement, la méditation a bien marché. J’inspire un grand coup. J’expire lentement. Je me tiens droite. Je dois m’entraîner maintenant. Je commence par le visage. Je change mon visage pour prendre l’apparence de Caroline, cette vieille peau. Non, ce n’est pas une bonne idée pour me calmer. Je prends le visage de Scarlett, la secrétaire du Président. Bon exercice. Je fais attention aux détails que j’ai pu relever. C’est pas mal, cela ressemble à l’original au moins. De Scarlett, je passe à Yijun. J’en profite pour commencer à transformer mon corps. Les transformations sont des phénomènes étranges, mais c’est fort utile. J’aurai dû me changer en homme pour rentrer dans cette salle d’archives, j’aurai été plus tranquille. Je n’ai pas été suffisamment fine sur ce coup-ci.
Satisfaite de ma ressemblance avec Yijun, je change encore. Cette fois-ci, je défie mes compétences pour saisir la complexité de l’apparence de Francis. Il est gros, chauve, et plutôt âgé maintenant. Je prends beaucoup plus de temps que pour Yijun qui est mince. Je grossis de toute part et j’efface mes traits peu à peu. J’ai vraiment l’air d’un Francis, même si c’est assez difficile de faire disparaître tous mes cheveux aussi rapidement. Je continue cet entraînement à la transformation pendant un long moment, presque autant que la méditation du début de séance. Je n’ai pas un contrôle parfait sur mes compétences de transformation, c’est pourquoi je les travaille de temps en temps, pour éviter que ma maîtrise diminue tout du moins. A l’heure du déjeuner, je sors de la salle et je vais manger dans ma cabine une salade achetée au service des cuisines. Quand je pense qu’on n’a même pas de tickets restaurants. J’envie presque les industries Krei de San Fransokyo. Je déjeune rapidement, je n’ai pas envie de ne rien faire non plus.
Je retourne dans ma zone d’entraînement, toujours avec les miroirs. Je médite dix minutes en plein milieu, sous le halo de lumière. Une fois que je suis prête, je me relève. J’écarte largement les bras que je tends vers le plafond. Je ferme les yeux et je me sens… Différente. Lorsque j’ouvre les yeux, je suis beaucoup plus bas que sous ma forme humaine. J’ouvre les ailes et je m’envole dans les airs. Cela fait longtemps que je n’ai pas volé. Je tourne en rond dans la salle, voltigeant du mieux que je peux pour retrouver la bonne technique. Voler donne un sentiment de grande liberté. J’oriente mon vol autour du halo de lumière, malheureusement je ne peux pas me déplacer dans une parfaite obscurité. Je sens l’air flirter avec mes plumes. J’essaye de dégager une certaine grâce, même si ce n’est pas le propre de mon animal associé. Je veux me voir dans la glace. Je n’ai jamais eu l’occasion je crois. Ou alors c’était il y a tellement longtemps que je ne m’en rappelle plus. Je me pose au sol grâce à mes serres et je regarde le miroir. Je suis certainement le plus beau corbeau que vous ayez vu de votre vie. Un grand et beau corbeau, au plumage ébène soyeux et brillant, avec un long bec parfaitement fait. J’ouvre mes ailes pour voir de plus près mes serres. De belles serres, croyez-moi.
Le corbeau est un animal peu apprécié en Chine, comme dans beaucoup d’autres endroits. Symbole de mort et de lumière, oiseau des ténèbres et du soleil, charognard et porteur de gloire, le corbeau est une étrange énigme des anciens mythes chinois. Il est également parfois apprécié en tant que symbole de gratitude filiale – de par le fait qu’il nourrit ses parents-, pratique qui ressemble à celle de notre société. Je parie que vous vous demandez pourquoi le corbeau est associé au soleil ? C’est à cause – ou grâce – à une légende. On dit qu’un jour, dix corbeaux se sont envolés d’un mûrier du levant pour apporter la lumière au monde, mais neuf ont été abattus par Yi l’Archer afin d’éviter que le monde ne soit consumé. En effet, chaque corbeau portait avec lui un soleil. Imaginer la chaleur d’un monde où dix soleils brillent en même temps. Un animal plein de nuances, comme moi. Parfois porteur de lumière, parfois porteur de mort. J’ai eu quelques fois l’occasion d’utiliser cette forme de corbeau pour me déplacer discrètement en ville. Malheureusement, je n’ai pas trouvé le moment pour user de cette compétence lors de mes dernières missions de la Shin-Ra. Peut-être que prochainement, ce sera chose possible ? Je ne sais pas. On verra.
« Croaaaaaak. »
Je me demande d’ailleurs si ce n’est pas à cause de mon animal associé que je n’ai pas eu le cœur d’abandonner Noah, le petit-homme-corbeau, dans la Forêt de Sherwood. Est-ce que si l’enfant avait été différent, je l’aurai pris ? Je ne peux pas répondre à cette question. En tout cas, j’ai au moins offert une chance à ce petit être, désormais loin de la misère. Je reprends mon envol, pour m’exercer. Je ne sais pas combien de temps je peux tenir, autant m’entraîner au maximum. Je tourne, encore et encore. Lorsque j’en ai enfin marre, je reviens au centre de la salle. Je ferme les yeux et je détends mes serres. Je reprends forme humaine. Je reste un moment assise. Je reprends mes esprits et je me redresse. L’entraînement s’est bien passé. Alors que je me retourne vers la porte, le halo de lumière s’éteint brusquement. Que se passe t-il ?
Je suis complètement dans le noir. J’entends la machinerie entraînée les miroirs dans le sol. Je me concentre et je ressens une présence dans l’obscurité autour de moi.
« Qui est là ? »
Pas de réponses. C’était à prévoir. Je ne suis pas rassurée, j’espère que ce n’est pas mon visiteur nocturne qui revient pour m’embêter. Je commence à être un peu inquiète. Je n’ai pas d’armes sur moi et ma tenue n’est pas… une armure. Je mets vainement mes mains en garde comme me l’a appris Micheline la maître d’armes. Je tourne sur moi-même. Je n’entends aucun bruit, mais je suis sûre qu’il y a quelqu’un ou du moins quelque chose. Soudainement, je sens quelque chose me frôler l’épaule.
« Qui est là ? Si c’est une blague, elle est de très mauvais goût. »
Toujours rien. Je commence à m’éloigner du centre pour rejoindre un mur de la salle. Cela fait toujours un côté où je ne risque pas d’être attaquée. Pendant quelques instants, il n’y a rien. Qu’est-ce qui se passe ? Je commence à paniquer. Ma respiration est de moins en moins contrôlée. Dans un moment de doute, je donne un coup de poing dans le vide. Mon poignet droit est attrapé par une main forte. Je suis complètement à la merci de l’assaillant.
« Lâchez-moi ! »
Je sens la personne se rapprocher de moi. J’ai l’impression qu’il me regarde. Il relâche mon poignet et je ne bouge plus. Je ne comprends pas vraiment ce qui se passe. Je sens son regard sur moi, puis au bout d’un moment je l’entends marcher plus loin. La porte s’ouvre, je suis éblouie et se ferme de nouveau. Je reste un moment là, dans le noir à ne pas bouger. Alors que je retourne vers la porte pour retourner à ma cabine, je sens une odeur familière… Non, un parfum. Mais…
Non, cela ne se peut… Je dois rêver. Encore.