Tout s’installe devant moi : les tables et les chaises ; le bar ; les bouteilles et les verres.
Un ordre.
Un deuxième, ça ne fait jamais de mal. Je soupire, tolérer les variables n’est pas mon fort.
Celui-là ne va pas assez vite.
Et quand tout est installé, d’un signe de main je fais signe aux ouvriers de quitter les lieux. Je regarde l’heure sur la projection lumineuse qui donne sur le mur porteur, elles doivent déjà attendre leur tour.
Je me lève et m’approche d’une petite troupe de femmes. Certaines parlent, certaines jettent un dernier regard dans leur miroir, d’autres encore remettent leurs habits en place. Toutes dans l’ensemble jaugent la concurrence. « Ne suis-je pas la plus désirable » doivent-elles toutes se convaincre.
Je leur indique le lieu d’épreuve installé dans mon dos.
Qui est capable de supporter la critique ? Qui a un caractère suffisamment fort ? Je les observe toutes, cherche la faille dans leur regard, le soupçon de susceptibilité que je n’accepterai pas.
Je tourne autour du groupe, observe les silhouettes, le style, l’allure.
Elles se resserrent au fur et à mesure que je me rapproche d’elles, évitant mon regard, évitant toute défiance.
Ce moment n’est pas sans rappeler celui que j’ai déjà vécu à Whitechapel, je connais ce métier qui n’est pas bien différent.
Je m’approche de l’innocente qui a dit cela et la détaille de la tête aux pieds. Mes yeux gris sombres creusent dans son âme.
Je lui indique ma tenue, mon chemisier blanc rentré dans une jupe qui descend jusqu’au dessus du genoux.
Comme un seul homme, elles tirent toutes sur leur jupe, sans doute dans l’espoir de cacher un peu de chair.
Je prends du recul et me mets au centre des tables.
Je tape dans les mains deux fois, puis une trentaine d’employés habillés en civil sortent de nulle part pour s’installer aux différentes tables.
Au bar, deux hommes sont prêts à répondre aux commandes. Je m’approche des « clients » et les invite à mettre à l’épreuve comme il se faut les candidates.
Et le grand bal commence. Toutes se mettent à l’oeuvre. Au début, c’est facile, tous les clients doivent être servis et il y a moins de serveuses que de clients.
Quand les commandes sont prises et que les barmen sont remplis de commande, la plupart attendent près du bar.
Je peux déjà deviner que j’ai à faire avec des incompétentes, incapables de faire mieux que ce qui est écrit, incapables de se surpasser, incapables d’inciter le client à dépenser plus, toujours plus.
Les tentatives qui suivent sont désespérantes. Je les observe, certaines discutent, racontent des histoires à s’endormir, une autre danse au milieu du passage, bousculant un client derrière elle.
Seule une semble se démarquer dans un premier temps, elle s’est installée sur un bord de table et discute avec le client qui semble subjugué par sa présence, entre autres choses. Je m’en approche discrètement.
Au delà de la banalité évidente de cette conversation, je dois lui reconnaître un certain charisme, un charme qui semble faire effet sur son client et même sur tout homme se trouvant à proximité. Ses gestes sont sûrs, habiles ; c’est une belle femme d’environ vingt-cinq ans, aux cheveux blonds cendrés.
L’épreuve continue et les serveuses se répartissent les clients. Quand l’un d’eux n’est pas satisfait ou doit trop patienter, la serveuse qui s’en occupe sort.
D’un regard, je lui indique la sortie.
Quand l’une d’entre elles réagit sans délicatesse à des avances, elle est éliminée.
A la fin, il reste cinq candidates. Je me tiens debout devant elles et fais sortir les hommes, réfléchissant au choix qu’il me reste à faire. Je ne peux me permettre d’envoyer au travail une incompétente qui donnerait mauvaise image à ma capacité de jugement.
Parmi ces cinq femmes, il reste évidemment la jeune femme blonde. Elle n’a commis aucune erreur et a totalement satisfait ceux qu’elle a servis. Je sens de l’ambition en elle, un désir de montrer de quoi elle est capable et d’en tirer parti, un coeur déterminé mais facile à corrompre.
A toutes je m’adresse.
Est-ce une erreur ? Les femmes se regardent, s’observent, attendent la délibération.
Je m’arrête devant la favorite. Douée, elle l’est à n’en pas douter. Et elle le sait. Alors, elle n’en revient pas, elle m’interroge du regard, elle balbutie.
Quelques protestations s’en suivent mais je reste inflexible et l’ignore.
Je donne les résultats à la hiérarchie et les noms des quatre filles : Gwen, Andy, Elsa et Lola.
Je regarde une dernière fois la dernière éliminée qui est invitée à prendre la direction des vaisseaux vers l’extérieur. Je ne peux la laisser entrer à la Shinra, qu’elle ait une chance d’évoluer et de monter les échelons, d’aller loin, avec toute cette détermination qui la caractérise, qu’elle devienne une rivale en séduisant la cible, un élément à éliminer tôt ou tard. Il y a déjà bien assez à faire pour me créer moi-même de nouveaux obstacles.
-Mettez ça là.
Un ordre.
-Faites attention, on dirait que vous n’avez jamais rien porté de votre vie.
Un deuxième, ça ne fait jamais de mal. Je soupire, tolérer les variables n’est pas mon fort.
Celui-là ne va pas assez vite.
-Vous pensiez peut-être que parce qu’on vous demandait de rester sur le vaisseau vous pourriez rester là à vous gratter la panse ? Bougez-vous.
Et quand tout est installé, d’un signe de main je fais signe aux ouvriers de quitter les lieux. Je regarde l’heure sur la projection lumineuse qui donne sur le mur porteur, elles doivent déjà attendre leur tour.
Je me lève et m’approche d’une petite troupe de femmes. Certaines parlent, certaines jettent un dernier regard dans leur miroir, d’autres encore remettent leurs habits en place. Toutes dans l’ensemble jaugent la concurrence. « Ne suis-je pas la plus désirable » doivent-elles toutes se convaincre.
-Cet endroit n’est en tant normal qu’un lieu de passage sur cet immense vaisseau, un lieu où les employés se donnent rendez-vous sans jamais rester. Aujourd’hui, c’est un bar.
Je leur indique le lieu d’épreuve installé dans mon dos.
-Notre aimable Président désire avoir les meilleures serveuses pour son grand projet. Je suis plutôt… déçue, pour le moment.
Qui est capable de supporter la critique ? Qui a un caractère suffisamment fort ? Je les observe toutes, cherche la faille dans leur regard, le soupçon de susceptibilité que je n’accepterai pas.
-Celles qui ne savent accepter d’être un peu rabaissée ou un sexisme trop affirmé n’ont pas leur place ici.
Je tourne autour du groupe, observe les silhouettes, le style, l’allure.
-Celles qui ne savent pas donner un peu de leur personne, satisfaire le client n’ont pas non plus leur place ici.
Elles se resserrent au fur et à mesure que je me rapproche d’elles, évitant mon regard, évitant toute défiance.
-Celles qui grognent dès qu’il s’agit d’être courageuse et de faire quelques heures en plus ne me servent à rien.
Ce moment n’est pas sans rappeler celui que j’ai déjà vécu à Whitechapel, je connais ce métier qui n’est pas bien différent.
-En échange, celles qui resteront seront sans l’ombre d’un doute bien récompensées, à tous les points de vue.
-Êtes-vous aussi serveuse, Madame ?
-Êtes-vous aussi serveuse, Madame ?
Je m’approche de l’innocente qui a dit cela et la détaille de la tête aux pieds. Mes yeux gris sombres creusent dans son âme.
-Tu penses que j’ai l’air d’une serveuse ?
Je lui indique ma tenue, mon chemisier blanc rentré dans une jupe qui descend jusqu’au dessus du genoux.
-Avec ma jupe on peut faire trois fois la longueur de la tienne. C’est cela, la différence. Moi je n’ai pas besoin de… déballer tout le matériel pour faire mon boulot.
Comme un seul homme, elles tirent toutes sur leur jupe, sans doute dans l’espoir de cacher un peu de chair.
-Si je suis là, c’est parce que le Président me fait l’honneur de placer sa confiance en moi pour choisir des filles dignes de lui. Vous devrez donc être à la hauteur de mes espérances, je ne veux pas être ridiculisée.
Je prends du recul et me mets au centre des tables.
-A présent…
Je tape dans les mains deux fois, puis une trentaine d’employés habillés en civil sortent de nulle part pour s’installer aux différentes tables.
-Que chacune s’occupe de tous ces clients. Si j’en vois qui ne font rien, qui sont inutiles ou incapables, je les expulse de l’épreuve.
Au bar, deux hommes sont prêts à répondre aux commandes. Je m’approche des « clients » et les invite à mettre à l’épreuve comme il se faut les candidates.
-Mettez-vous à l’aise, demandez ce qu’il vous plaira, elles sont là pour répondre à vos exigences.
Et le grand bal commence. Toutes se mettent à l’oeuvre. Au début, c’est facile, tous les clients doivent être servis et il y a moins de serveuses que de clients.
Quand les commandes sont prises et que les barmen sont remplis de commande, la plupart attendent près du bar.
-Que faites-vous ?
-Nous attendons les commandes, elles ne sont pas prêtes.
-C’est inacceptable.
-Mais ce n’est pas notre fau…
-Rendez-vous utile dans ce cas, distrayez le client, soyez agréables et encouragez-le.
-Nous attendons les commandes, elles ne sont pas prêtes.
-C’est inacceptable.
-Mais ce n’est pas notre fau…
-Rendez-vous utile dans ce cas, distrayez le client, soyez agréables et encouragez-le.
Je peux déjà deviner que j’ai à faire avec des incompétentes, incapables de faire mieux que ce qui est écrit, incapables de se surpasser, incapables d’inciter le client à dépenser plus, toujours plus.
Les tentatives qui suivent sont désespérantes. Je les observe, certaines discutent, racontent des histoires à s’endormir, une autre danse au milieu du passage, bousculant un client derrière elle.
Seule une semble se démarquer dans un premier temps, elle s’est installée sur un bord de table et discute avec le client qui semble subjugué par sa présence, entre autres choses. Je m’en approche discrètement.
-Vous êtes un client fidèle de la Shin-ra ?
-On peut dire ça ouais.
-Et qu’est-ce que vous faites dans la vie ?
-Je… je m’occupe des ordinateurs. Ce n’est pas très… intéressant.
-Non, c’est… passionnant au contraire ! J’ai toujours été incapable de comprendre ces machines, à chaque fois que j’en touche une, tout dérape.
-On peut dire ça ouais.
-Et qu’est-ce que vous faites dans la vie ?
-Je… je m’occupe des ordinateurs. Ce n’est pas très… intéressant.
-Non, c’est… passionnant au contraire ! J’ai toujours été incapable de comprendre ces machines, à chaque fois que j’en touche une, tout dérape.
Au delà de la banalité évidente de cette conversation, je dois lui reconnaître un certain charisme, un charme qui semble faire effet sur son client et même sur tout homme se trouvant à proximité. Ses gestes sont sûrs, habiles ; c’est une belle femme d’environ vingt-cinq ans, aux cheveux blonds cendrés.
L’épreuve continue et les serveuses se répartissent les clients. Quand l’un d’eux n’est pas satisfait ou doit trop patienter, la serveuse qui s’en occupe sort.
-Toi, est-ce donc tout ce dont tu es capable ? Il n’y a rien de bien sorcier dans le fait de servir plusieurs verres à la fois. C’est pourtant le pire service que j’ai jamais vu.
D’un regard, je lui indique la sortie.
Quand l’une d’entre elles réagit sans délicatesse à des avances, elle est éliminée.
-Avec ce physique et ce manque d’élégance, je ne vois vraiment pas comment tu peux te montrer difficile. Tu n’as rien à faire ici
A la fin, il reste cinq candidates. Je me tiens debout devant elles et fais sortir les hommes, réfléchissant au choix qu’il me reste à faire. Je ne peux me permettre d’envoyer au travail une incompétente qui donnerait mauvaise image à ma capacité de jugement.
Parmi ces cinq femmes, il reste évidemment la jeune femme blonde. Elle n’a commis aucune erreur et a totalement satisfait ceux qu’elle a servis. Je sens de l’ambition en elle, un désir de montrer de quoi elle est capable et d’en tirer parti, un coeur déterminé mais facile à corrompre.
A toutes je m’adresse.
-Il faudra pourtant me satisfaire de vous… quatre. Sachez que si j’entends que l’une d’entre vous m’a fait honte, je ferai de sa vie un enfer. Et elle ne fera pas long feu ici…
-Nous… quatre ? Nous sommes cinq.
-Nous… quatre ? Nous sommes cinq.
Est-ce une erreur ? Les femmes se regardent, s’observent, attendent la délibération.
-Mmmh… Après réflexion, j’ai décidé de ne pas te choisir.
Je m’arrête devant la favorite. Douée, elle l’est à n’en pas douter. Et elle le sait. Alors, elle n’en revient pas, elle m’interroge du regard, elle balbutie.
-Mais… mais pourquoi ? Je croyais avoir…
-J’étais celle qu’il fallait convaincre. Je suis convaincue que tu ne peux pas faire l’affaire pour la Shinra. Tu ne corresponds pas à… l’image qu’il faut.
-J’étais celle qu’il fallait convaincre. Je suis convaincue que tu ne peux pas faire l’affaire pour la Shinra. Tu ne corresponds pas à… l’image qu’il faut.
Quelques protestations s’en suivent mais je reste inflexible et l’ignore.
Je donne les résultats à la hiérarchie et les noms des quatre filles : Gwen, Andy, Elsa et Lola.
Je regarde une dernière fois la dernière éliminée qui est invitée à prendre la direction des vaisseaux vers l’extérieur. Je ne peux la laisser entrer à la Shinra, qu’elle ait une chance d’évoluer et de monter les échelons, d’aller loin, avec toute cette détermination qui la caractérise, qu’elle devienne une rivale en séduisant la cible, un élément à éliminer tôt ou tard. Il y a déjà bien assez à faire pour me créer moi-même de nouveaux obstacles.