« Rufus sans refus ! »
La dernière fois que Renart a été aussi classieux, c’est… ouais, c’était hier ! Il faut néanmoins préciser que, particulièrement aujourd’hui, il est d’une classe incroyable. Il transpire l’élégance, le luxe et l’opulence. Il porte un smoking qui vaut une fortune – qu’il se fera rembourser après l’avoir utilisé en bonne et due forme – et son pelage n’a jamais été aussi soyeux. Il marche dans les couloirs du vaisseau-mère et tous sont immédiatement abasourdis par tant de fabuleuse beauté. Les gens perdent pied, perdent l’équilibre et perdent leur sens ! Y’a même un garde qui a laissé tomber son fusil d’assaut en le voyant arriver. Ouais, ‘faut dire que, ce matin, il est particulièrement impeccable.
Je vois, je vois bien que vos yeux sont plissés par le doute. Je vois toute l’incompréhension qui vous habite alors que vous lisez ces quelques lignes. Ne vous inquiétez pas, j’allume votre lanterne et je vous éclaire un peu plus sur le sujet ! En fait, dans quelques minutes, Renart se trouvera dans l’office même de l’impératif empereur du cartel de la Shinra pour discuter de plans d’avenir. Après tant d’années à toquer à sa porte sans réponse et à voir ses ambitions totalement détruites par Rufus, Renart peut enfin faire valoir ses idées, faire valoir son intelligence infaillible. Et c’est dans un état esprit allègre et béat qu’il se dirige vers ledit lieu de rencontre. Il a peut-être l’air impassible de l’extérieur, mais, à l’intérieur, c’est le chaos ! Autant il est rare que l’angoisse s’empare de lui, autant il stresse, en ce moment, comme s’il allait rencontrer une divinité supérieure. Il doit se calmer.
Paniquer, c’est une réaction faible. Une réaction de poltrons. Et Dieu sait à quel point Renart n’est pas poltron, même qu’il est doté d’un courage incroyable. En respirant silencieusement, mais profondément, il tente donc de reprendre son souffle et d’apaiser son âme tourmentée.
Là-bas, à quelques mètres, se dresse la fameuse porte qui mène vers le bureau du président. Se dressent aussi une bonne dizaine de gardes, armés jusqu’aux cheveux, qui pointent leurs fusils agressivement vers Renart, en plus de le toiser avec des yeux méchants. Il se dit donc qu’il ne doit pas faire de mouvements brusques, au risque de se métamorphoser en passe-thé ambulant (j’aurais aussi pu le comparer avec une passoire, mais ça manquait vraiment de crédibilité). Il demeure donc placide, marche lentement, tranquillement, comme s’il marchait dans un champ de mines et qu’il risquait de mourir à chaque instant (bon, c’est à peu près le cas que vous me direz).
Ainsi… Il arrive. La tête haute, il arrive. Les surveillants le regardent un peu, admirent probablement son costume et son élégance avant que l’un d’entre eux murmure dans sa barbe :
« Déclinez votre identité. »
« Ai-je réellement besoin de présenter le renard que je suis ? » demande-t-il avec une arrogance brisée par une certaine peur, mais surtout une peur certaine.
« … »
« … »
« … Euh, ouais. »
« Bande d’incultes ! Je suis sir Renart, et j’ai aujourd’hui rendez-vous avec Rufus Shinra, cet homme si puissant. »
« En effet. Vous êtes bien sur la liste, mais on va procéder à certaines mesures de sécurité avant. »
« C’est-à-dire ? »
Un garde le plaque contre le mur et le fouille. Il passe ses mains dans sa chemise, dans son veston et effleure même vers le haut de ses cuisses ! « J’suis pas à l’aise, en fait », que Renart murmure pendant qu’il est violé par toutes ces mains. Après quelques secondes de malaise constant, on lui retire son révolver, sa canne et même son haut-de-forme qui pourrait être considéré comme une arme contondante et un objet potentiellement dangereux pour les voies respiratoires de Rufus. Le Propriétaire n’ose pas trop rouspéter et se contente de se soumettre à ces mesures de sécurité.
Cela fait, il se fraye un chemin parmi les imbéciles sur-armés et entre dans le fameux office du chef de la compagnie. Il ne prend même pas la peine d’admirer l’opulence des lieux pour distinguer presque immédiatement Rufus Shinra à l’autre extrémité de la pièce.
« Comme on se retrouve, monsieur Shinra ! s’exclame-t-il sans attendre. Oh ! et passons les formalités et entrons illico dans le vif du sujet, si le voulez bien… Je suis en fait ici pour vous proposer des plans prometteurs pour le futur de votre influente compagnie. Vous avez reçu la lettre qui introduisait ma perspective, n’est-ce pas ? »
Renart balaye les lieux du regard pour se rendre compte que sa fameuse lettre est bien confortablement assise sur le bureau principal de Rufus. Il en est presque fier.
« Qu’en pensez-vous ? Je pourrais bien divaguer par la parole durant des heures, mais j’aimerais bien connaître vos inquiétudes avant de m’élancer dans une tirade qui pourrait ennuyer l’admirable personne que vous êtes… »
Phase première entamée : cirer les bottes du président pour optimiser les chances de réussite.